Parlez-moi de vous (qui êtes vous, que faites-vous? Comment êtes-vous arrivé là où vous êtes actuellement?)
Je m’appelle Vanessa de Happi, je suis avocate, inscrite aux Barreaux du Québec et du Cameroun.
Je suis formée à la fois en droit français, en droit québécois et en common law (droit anglo- saxon). Je détiens un Master 2 en droit du commerce international de l’université de Montpellier et une Maîtrise en Common Law et droit transnational de l’université de Sherbrooke.
J’ai débuté ma carrière comme avocate en conformité au sein de Desjardins Groupe d’assurances générales, la filiale assurance de dommages du Mouvement Desjardins, avant de rejoindre le cabinet Norton Rose Fulbright où je pratiquais le litige civil et commercial jusqu’à très récemment. Aujourd’hui, mes projets me font faire un pont vers l’Afrique et je travaille actuellement au développement du département de droit commercial du cabinet DH Avocats à Douala au Cameroun.
Qu’aimez vous le plus de votre métier?
J’aurais tellement de choses à dire J, mais puisque je suis forcée de choisir… je dirais ma double casquette de conseiller et de défenseur.
Ma pratique étant essentiellement axée sur le droit commercial, j’aime conseiller mes clients et élaborer avec eux des stratégies qui leur permettent de trouver un équilibre entre les exigences légales et leurs objectifs d’affaire, pour éviter de se retrouver en « indélicatesse » avec la loi. Mais lorsque les problèmes sont déjà là, j’aime tout autant de pouvoir défendre leurs intérêts et les aider à se sortir de situations difficiles.
Curieuse de nature, j’aime beaucoup la variété et la richesse intellectuelle que ma profession apporte. La pratique du droit fait appel à des connaissances non juridiques variées. Ainsi, mes mandats pour les clients assureurs m’ont amenée à m’intéresser de près au monde de l’assurance. Je viens de découvrir le monde de l’industrie brassicole en travaillant sur un mandat pour le compte d’une grande brasserie, un mandat concernant un accident d’avion m’a fait découvrir beaucoup de choses du domaine de l’aviation etc. C’est très enrichissant au quotidien.
Quel est le plus grand défi auquel vous avez eu à faire face et comment l’avez vous surmonté ?
Mon plus grand défi a été de trouver le moyen de concilier mes ambitions professionnelles et ma vie familiale.
Lorsque j’exerçais en grand cabinet, malgré les politiques corporatives visant à favoriser la conciliation travail-famille, l’équilibre était difficile à atteindre en raison de la nature même de la profession d’avocat. Pour y arriver j’ai dû apprendre à fonctionner avec des heures de sommeil en moins et beaucoup moins de temps pour moi, mais je dois admettre que c’est difficile. J’ai aussi investi dans une aide-ménagère à la maison, mais j’ai surtout eu la chance de pouvoir compter sur le support de mon mari et de ma petite sœur.
L’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle est un enjeu majeur pour tous les parents qui ont des métiers exigeants mais c’est encore plus difficile lorsqu’on est issu de l’immigration puisque notre tissu familial est généralement plus mince, voire inexistant. De plus, en début de carrière on n’a pas toujours les moyens financiers pour obtenir de l’aide autrement.
Mes projets actuels me permettent d’être plus autonome. Ce n’est pas parfait et je travaille toujours de longues heures mais c’est beaucoup mieux parce que j’ai plus de contrôle sur mon emploi du temps.
Qu’annonce le futur pour vous ? Quelle est votre vision du futur?
Le futur pour moi se résume en seul mot : Afrique !
Mon objectif à court terme est d’aller utiliser tout ce que j’ai emmagasiné comme expérience professionnelle jusqu’ici au Cameroun, mon pays natal. Je travaille actuellement à développer une offre de services juridiques qui tienne compte à la fois des exigences globales et des réalités locales.
Quelle votre opinion sur la communauté africaine de Québec?
Je la suis malheureusement de loin, faute de temps. Mais mon impression est qu’il s’agit d’une communauté dynamique avec beaucoup de potentiel. Je pense aussi que la force de volonté et l’énergie qui transpirent actuellement chez les jeunes africains en général se ressentent également dans la communauté de Québec qui, je le crois, à force d’initiative comme celle de Manyatta pourra réussir à prendre une place importante dans la ville, voire dans la province.