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Myriam Matondo Nkenda, Sociologue, Journaliste indépendante.


Q1 - Myriam, parlez-nous un peu de votre parcours professionnel.

Je suis née au Congo-Brazzaville. J'ai quitté mon pays à 20 ans pour aller poursuivre mes études en France. En 2009, j'ai immigré au Québec où j'ai rejoint mon conjoint et poursuivis mes études de sociologie.

En plus de ma formation en sociologie, j'ai fait un petit détour en Sciences de l'Éducation (Master 2 en Gestion des temps éducatifs) et j'ai fait mon mémoire de maîtrise de sociologie à l'UQAM sur la question de l'immigration. Précisément sur la participation de la diaspora africaine au développement de leur pays d'origine. J'ai terminé en 2014. 

J'ai travaillé quelques mois au sein d'un Journal bi-hebdomadaire, en tant que journaliste-reporter, à Brazzaville (au Congo), ma ville natale. 

Au Québec, je me suis impliquée dans le milieu communautaire en tant que bénévole: aide aux devoirs, secrétaire du Conseil d'administration au sein d'Intermonde-Carrefour Afrique, secrétaire au sein des«Enfants du phare» (projet d'implantation de bibliothèques publiques au Congo).  

Je suis, présentement, secrétaire au sein l'organisme FC15 Cap-développement (projet d'accompagnement des futures mamans démunies au Congo, à mener à bien leurs grossesses et à bien s'occuper de leurs bébés dans le but d'aider à contrer la mortalité maternelle et infantile). 

J'ai également travaillé comme employée, notamment au sein d'un centre communautaire (CDC de Rosemont) et au sein de l'organisme pancanadien COLLÈGE FRONTIÈRE (FRONTIER COLLEGE) qui oeuvre pour contrer l'analphabétisme au Canada.

Je suis également l'heureuse maman à temps plein d'une petite princesse de 9 mois qui remplit mes journées de bonheur!

Q2-  Décrivez nous votre premier contact avec Manyatta.

J'ai reçu un message via le réseau LinkedIn de la part de la fondatrice de Manyatta, Dissirama, qui s'intéressait à mon profil et à mon mémoire de maîtrise sur la diaspora africaine. C'est donc Manyatta Network qui m'a trouvé!

J'espère pouvoir assister à plus de sessions de réseautage. 

Q3 - Quels sont les défis que vous rencontrez au quotidien?

Pour l'instant, ma fonction de mère prend beaucoup de place dans mon quotidien. Mon défi est donc d'être une bonne mère et d'offrir à ma fille tout le nécessaire pour son épanouissement et son développement. La conciliation maman-conjointe n'est pas non plus chose facile. 

Mais à part cela, je pense que de trouver ma place au sein de ma société d'accueil est le second grand défi que je dois relever.

 Q4 - Est ce que vous avez des conseils à donner aux jeunes qui aspirent s'engager dans votre domaine?

Être passionné, déterminé et patient. Toujours questionner la réalité, ne pas se fier aux apparences. Ne rien prendre pour acquis et essayer de se défaire des préjuger afin d'aborder le monde de manière objective. 

Comme le disait le sociologue français Pierre Bourdieu:« La sociologie est un sport de combat».

Q5- Quel est le meilleur conseil qu'on ait pu vous donner jusqu'à présent?

Mon oncle m'a toujours dit ceci: «il faut forcer le respect». Si tu penses que l'on ne te respecte pas, impose le respect par tes actions. Si tu agis comme un insensé, on te traitera comme tel.

Q6 - Qu'elle est votre vision du futur pour la diaspora africaine au Canada, au Québec particulièrement?

Je pense que le futur nous appartient. Bien que résidente du Canada, j'ai toujours le regard tourné vers l'Afrique et j'ai à coeur son évolution, son développement. Tout est à faire en Afrique. Maintenant, il nous faut saisir les occasions, les opportunités et se tenir ensemble pour changer les choses.

Je ne prétends pas connaitre parfaitement la communauté noire ou africaine de Montréal. Seulement, de ce que j'ai pu observer, il y a beaucoup de talents, de volonté d'aller de l'avant, de créer, chez les gens que j'ai rencontré. Un problème demeure comme une épine dans le pied, à mon avis, c'est celui du pouvoir économique. À cela s'ajoute le manque d'unité, de solidarité réelle, forte et permanente. Selon moi, ces deux aspects freinent notre épanouissement en tant que communauté et nous empêchent de prendre effectivement notre place dans la société. Trop d'initiatives sont des initiatives isolées. Certaines d'entre elles pourraient faire grandir si les efforts sont mis en commun. 

Certaines personnes de la communauté l'ont compris et essayent à leur manière de rendre les choses possibles, de donner une image créative, professionnelle, de la communauté noire. Il ne faut surtout pas nous isoler ni même se renfermer sur notre propre communauté. 

L'union fait la force et comme le disait une écrivaine Congolaise,, Marie-Louise Mumbu (auteure de Samantha à Kinshasa), «nous ne sommes pas un fardeau pour ce pays, nous sommes un cadeau». Soyons des cadeaux pour le Canada et pour l'Afrique et laissons s'exprimer notre savoir-faire, notre créativité où nous nous trouvions. Nous n'appartenons plus seulement à l'Afrique ou à la communauté noire du Canada. Nous appartenons désormais à la fois au Canada, à l'Afrique, au monde.